Une passion pour les mammifères sauvages
Je suis né en à Lyon, 1939 de parents immigrés italiens Toute ma jeunesse, la nature c’était la ville et les berges du Rhône urbain. Mes premiers mammifères : les Surmulots (les rats d’égouts…) et les souris qui sortaient le soir des placards de la cuisine..
Les années 70 me font découvrir Robert Hainard et le monde fascinant et inaccessible des mammifères sauvages. Découverte de l’art de l’affut (voir sans être vu !), nuits à la belle étoile… Je vois mon premier blaireau en 1972 et j’ai la chance de partager quelques affuts avec Robert Hainard…
Le Lynx, arrivé tout seul dans l’Ain en 1974 : un mythe inaccessible auquel mieux vaut ne pas penser.
Mais la passion (et aussi le hasard !) de voir de mes yeux des mammifères sauvages et libres, va permettre d’observer mes premiers Chats forestiers, d’abord en Bourgogne, puis dans le Bugey. Si on peut voir le chat forestier, il doit être possible de voir l’autre chat, le grand, le Lynx.
A partir de 1990, le chat forestier devient un prétexte, un alibi de la recherche du lynx, quête partagée avec Bob Erome et quelques-autres : affûts le soir, pistages dans la neige, nuits glaciales blottis contre un tas de bois…Douze ans, il a fallu 12 ans, pour voir mon premier lynx dans le secteur du plateau d’Hauteville : 10 minutes d’observation à une quinzaine de mètres de distance, une éternité.
20 ans après, si la passion est limitée par les contraintes de l’âge, je continue à trainer mes jumelles dans le Bugey et ailleurs. Durant toutes ces années, le lynx, je ne l’ai vu « que » 7 fois, y compris l’observation exceptionnelle d’une femelle avec ses 3 jeunes durant 1 heure, à quelques mètres. Au bilan, 3 belles observations seulement. Pour les 4 autres il a fallu se contenter de visions fugitives, auxquelles s’ajoutent quelques vidéos obtenues avec des caméras automatiques. Mais des dizaines, des centaines, d’autres observations de mammifères ont, elles aussi, fait vivre des moments inoubliables.
Et tout ça, à quoi ça sert ?! « Comme la Joconde, à rien » dirait un copain. C’est beau et ça suffit. Et le plaisir, que dis-je, le bonheur, de voir enfin un animal non dérangé et qui ne vous a pas détecté, n’est-ce pas une raison supplémentaire ? Faut-il y ajouter le côté « étude » : inventaires faunistiques, publications scientifiques, matériaux pour les dossiers techniques de protection des milieux, etc ?.
L’observation, sans dérangement, de la faune sauvage, la pratique de l’affut ou les nuits à la belle étoile, sont aussi un art de vivre. Passer quelques heures à ne rien faire d’autre que d’attendre la venue hypothétique de l’animal sauvage, ré-exercer ses oreilles à discerner les moindres bruits, respirer les odeurs du sous-bois, contempler la lune à travers la dentelle des branchages, bref, essayer de réveiller nos facultés animales atrophiées, est un luxe gratuit et un remède efficace au mal d’être. Et en prime, si l’animal apparait, alors le temps s’arrête, plus rien n’existe, qu’un moment de bonheur intense.
En marge de notre monde hyper connecté et replié sur lui, mais déconnecté de la nature, les bêtes vivent leur vie, indifférente à nous, dans un monde parallèle inaccessible, dont de temps en temps on parvient à entrouvrir la porte.
Daniel, Juin 2020
Vidéo 1 : https://youtu.be/j7Edsu-U-2M
Vidéo 2 : https://youtu.be/meyA4lmE0Po